lundi 12 juillet 2010

27 septembre 1944

Le mercredi 27 septembre, le 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson reçoit, dans un premier temps, la mission de patrouiller sur l’itinéraire Melay – Ternuay – Servance, puis de prendre liaison avec le Combat Command 3 sur l’axe Ternuay – Bellonchamp.

A 7h00, le 3e Escadron part effectuer sa reconnaissance. Le 3e Peloton du Lieutenant Crinon prend la tête de la colonne, puis vient le Peloton Hors Rang et enfin, le 1er Peloton du Sous-lieutenant Cros.

Dans l’immédiat, le 2e Peloton de l’Adjudant Métayer reste en station à Ecromagny avec le Peloton d’Echelon du Sous-lieutenant Portolano.

Dès 8h00, le village de Ternuay est atteint. Les Allemands ont quitté les lieux à l’aube. Le 3e Peloton du Lieutenant Crinon reçoit l’ordre de poursuivre son avance et progresse lentement, suivant de près, le Brigadier Bordes qui ouvre le chemin avec le détecteur de mines. Soudain, un tir retentit, le Brigadier Bordes s’écroule, touché par une balle. A seulement 1 km du village, le 3e Peloton est tombé dans une embuscade. S’en suit un violent accrochage. L’ennemi est embusqué dans des haies épaisses et tire à l’arme automatique. Un soldat allemand sort d’un bosquet et vise l’automitrailleuse de tête au panzerfaust, fort heureusement, celui-ci manque sa cible.

Le 3e Peloton progresse en ripostant. L’infanterie allemande s’accroche à ses positions. Nouvelles rafales, le Brigadier Boillot s’effondre mortellement touché. Ce parisien d’origine, qui avait rallié l’Afrique du Nord, est mort sur le solde de France à l’aube de son 22e anniversaire.

L’AM-M8 « Beauvais » tire de tous ses feux avec son canon de 37 et sa mitrailleuse de bord. Le Cavalier Legay évacue le corps du Brigadier Boillot à bord d’une jeep. Une charge creuse de panzerfaust explose à proximité. Le Cavalier Legay est blessé à son tour. Les Chasseurs d’Afrique du 3e Peloton chargent les blessés sur les capots arrière des automitrailleuses, protégés par un épais rideau de fumée.

Soudainement, des obus tombent sur les positions ennemies, l’obusier « Bourges » du 1er Peloton expédie des salves d’une vingtaine d’obus pour protéger l’évacuation du 3e Peloton et pour calmer l’ardeur allemande.

Mais l’infanterie ennemie ne désarme pas et entreprend une vive contre-attaque, soutenue par leur artillerie. Les éclats se dispersent et blessent au passage, les Cavaliers Dussol et Valéro. L’half-track du peloton se porte à la hauteur des deux blessés et parvient à les évacuer sur le poste de secours du Combat Command 3, situé à Bellonchamp. Durant le trajet, le Cavalier Valéro, originaire de Rivoli en Algérie, succombe à ses blessures. Dès 10h00, tous les blessés ont été évacués.

Les combats font rages, mais les Chasseurs d’Afrique parviennent à endiguer l’avance ennemie. Après deux heures de luttes acharnées, les Allemands décrochent vers 11h00.

Le Lieutenant Crinon reçoit l’ordre de poursuivre son avance en direction de Melay. Le 3e Peloton a-t-il parcouru quelques centaines de mètres, que celui-ci est stoppé par un barrage. En effet, les Allemands ont pris le soin de faire sauter un mur de soutien, provocant ainsi un éboulement de roches et de terres. Bientôt rejoint par la Compagnie FFI du Corps Franc Pommies du Capitaine Munier, les Cavaliers du 3e Peloton entreprennent le déminage du barrage du lieu-dit des « Etroitures ». Ce déminage facilitera les travaux des engins du 88e Bataillon du Génie. Peu après, le 88e Génie parvient à ouvrir un passage. Les FFI occupent la position. Le Lieutenant Crinon met à la disposition du Capitaine Munier, un poste radio de type SCR 510 pour lui permettre de rester en liaison avec le PC de l’escadron à Ternuay et le 3e Peloton. Nouvelle marche en avant pour les automitrailleuses du Peloton Crinon.

Vers 17h30, les FFI du Corps Franc Pommies du Capitaine Munier subissent une contre-attaque allemande. L’infanterie ennemie est soutenue par deux automoteurs de 105. Aussitôt, le Capitaine Munier fait le point de la situation au PC du 3e Escadron. Les obusiers Howitzer « Bourges » (1er Peloton) et « Montmirail » (3e Peloton) rentrent immédiatement en action et expédient des salves d’obus de 75 de leur position à Ternuay. Le 3e Peloton du Lieutenant Crinon revient sur ses pas à vive allure et prend l’ennemi à revers. Rapidement, la confusion règne parmi les forces ennemies. Les Allemands décrochent, dans les bois, à la faveur de la nuit tombante, laissant sur le terrain de nombreux morts et un Panzer II détruit. La situation redevient calme dans le secteur. Les FFI et le 3e Peloton installent leur dispositif pour la nuit.

Vers 18h30, le Cavalier Valéro et le Brigadier Boillot sont enterrés au cimetière de Ternuay.

Carte originale du secteur Ternuay - Melay - Servance émanant du PHR du 3e Escadron

Ce même jour, le 2e Peloton de l’Adjudant Métayer part reconnaître la localité de Saint-Hilaire. Ce peloton parvient à destination sans problème majeur. De là, ordre est donné au 2e Peloton de prendre liaison avec le 2e Escadron du Capitaine Argoud sur l’axe : La Mer – Le Montandré – Servance.

A 22h00, l’Adjudant Métayer est de retour au PC de l’escadron à Ternuay. En chemin, celui-ci à fait prisonnier, un déserteur allemand qui subit immédiatement un interrogatoire.

Dans un même temps, le 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud, ainsi que le 4e Escadron de chars légers, du Capitaine Dumont doivent nettoyer la région entre Le Montandré et de Servanceuil. Mais ces éléments ne peuvent pénétrer dans ces communes.

Dans l’après-midi, ces deux escadrons enlèvent avec panache la Côte 628, fortement tenue par l’ennemi. Cette position étant stratégique, tant pour les forces de la 1ère Armée Française, que pour les forces allemandes, le 2e Escadron et le 4e Escadron restent en station sur la Côte 628 et y installent un dispositif défensif jusqu’à la relève.

A Faucogney, le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André demeure toujours en attente de l’ordre de faire mouvement.

A 11h00, le capitaine André enjoint au 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice de prendre liaison avec le Colonel Durosoy, chef du corps du 2e Cuirassiers. Dès midi, le Sous-lieutenant Maurice se met en route. Le 2e Peloton parvient rapidement à Esmoulières, puis emprunte des sentiers de montagne jusqu’à La Saulotte. De là, les automitrailleuses se dirigent vers Beulotte puis traversent les hameaux des Cent-sous et de Breuche la Grande. Survient un barrage d’artillerie ennemi, ralentissant la progression du 2e Peloton. Les dégâts en matériels sont considérables, le Lieutenant Sommariva, du Peloton d’Echelon, vient dépanner les véhicules sous le feu ennemi ! Tant bien que mal, le Sous-lieutenant Maurice parvient à la maison forestière du Bois-le-Prince, PC du Colonel Durosoy soumis à de violents tirs d’artillerie. Le toit de la maison forestière s’est écroulé sous les déflagrations des obus allemands. La situation est critique pour le PC du 2e Cuirassiers, celui-ci a déjà vu tomber deux officiers, le Commandant De Laprade et l’Aspirant Virot, et le Capitaine Ardisson est blessé.

Quant au 1er Escadron aux ordres du Lieutenant Des Moutis, cet escadron stationne toujours entre Frotey et La Verrerie. Les différents pelotons effectuent des missions de liaison avec l’Etat-major du Combat Command 2.

1 commentaire:

  1. Extrait des décisions des 18 et19 octobre 1944

    ORDRE N° 44

    - Le Colonel DUROSOY Commandant le 2ém Régiment de Cuirassier cite à l'ordre du régiment:
    - BLASCO VINCENT du 4ém Escadron

    .Cuirassier dépanneur, le 27 septembre 1944 AU BOIS- LE- PRINCE,alors que le groupement était encerclé,a anéanti par le feu de son arme des petits groupes d'Allemands qui s'étaient approchés à quelques métres,puis a protègé par son HALF-TRACK,le transport de 2 OFFICIERS gravement blessés.

    Aux Armées le 12 Juin 1945

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    Il s'agit de nôtre Père qui par sa modestie qu'on lui reconnait bien,n'a jamais fait état de cet acte de bravoure. document retrouvé très recemment dans ses affaires.

    Nôtre Père est décèdé en 1999 et nous savons depuis deux Ans de façon fortuite que cet Acte a été relaté dans un livre écrit par son Officier supérieur, peut-être par Le COLONEL DUROSOY lui-même?

    Nous,ses quatre enfants,sommes en quête de renseignements sur cet épisode de l'histoire et si possible obtenir les références du livre en question nous vous en saurez grè.

    Sa fille: Annie BLASCO

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