vendredi 18 juin 2010

15 - 16 - 17 septembre

Ce vendredi 15 septembre, les unités aux ordres du Lieutenant-colonel Fouchet, commandant du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique, à savoir, l’Escadron Hors Rang, le 2e Escadron et le 3e Escadron demeurent toujours en station, soit à la Roche Vineuse, soit à Charnay les Mâcons. Ces éléments sont en attente de l’approvisionnement en carburant.

En milieu de matinée, le 4e Escadron, aux ordres du Capitaine Dumont, rejoint le Régiment et cantonne à Charnay les Mâcons.

Dans l’après-midi, à 15h00, le Capitaine Brisson, chef du 3e Escadron effectue une revue du matériel et des troupes.

Cette situation durera ainsi jusqu’au dimanche 17 septembre.

Ce même jour, ordre est donné au 5e Escadron, aux ordres du Capitaine André, de reconnaître l’itinéraire : Arbigny sous Varenne (Haute Marne) – Bize – Anrosey – Pisseloup – Vernois sur Mance (Haute Saône) – Barges – Raincourt – Betaucourt et Ormoy.

Le Capitaine André enjoint ses directives. Le 1er Peloton du Lieutenant Brémon doit patrouiller dans le secteur d’Arbigny sous Varennes, Bize et Anrosey. Quant au 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice, celui-ci éclaire les villages de Pisseloup et Vernois sur Mance.

Enfin, le 3e Peloton, aux ordres de l’Aspirant De Bellefon reconnaît les communes de Barges, Raincourt et Betaucourt, puis prend la direction du village d’Ormoy. Dans les faubourgs de cette localité, les Cavaliers du 3e Peloton sont accueillis par un tir nourrit d’armes automatiques. Bientôt, les premiers obus pleuvent à proximité des automitrailleuses. Aussitôt, les AM-M8 « Marignan » et « Marengo » ripostent contre l’ennemi.

Alors que l’Aspirant De Bellefon fait un compte-rendu précis de la situation au Capitaine André, celui-ci apprend de la bouche de son Capitaine que le 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice part à l’instant en renfort.

Quelques temps plus tard, les premières AM-M8 du 2e Peloton arrivent au niveau de l’Aspirant De Bellefon. Les deux officiers mettent rapidement en place un plan offensif.

Les obusiers Howitzer « Sidi Brahim » et « Moulin de Laffaut » tirent leurs premiers obus de 75, semant ainsi la zizanie parmi les fantassins allemands. L’automitrailleuse « Iéna », affectée au 2e Peloton prend un canon de 37 Pak pour cible.

Devant la supériorité numérique de l’adversaire, les troupes allemandes décrochent en désordre. Les deux pelotons du 5e Escadron parviennent à faire de nombreux prisonniers. La population locale accueille chaleureusement leur libérateur. Le soir venu, la totalité du 5e Escadron cantonne à Ormoy et y séjournera jusqu’au 18 septembre. Cependant, le Capitaine André envoie des patrouilles à pied aux abords du village.

Le 17 septembre, les premiers courriers d’Algérie arrivent, les Cavaliers du 3e RCA attendaient cela avec impatience. Ce même jour, le Sous-lieutenant Maurice, chef du 2e Peloton fête son 25ème anniversaire. A cette occasion, les habitants du village offrent des moutons, afin que les Algériens du 5e Escadron puissent préparer un méchoui.

De son côté, le Lieutenant Des Moutis, lieutenant commandant le 1er Escadron, se rend dès 6h à Poinson, au PC du Combat Command 2, afin d’obtenir des renforts conséquents pour les deux sections FFI du Bataillon du Charollais, en charge de la défense de Jussey.

A 7h30, un ordre écrit parvient aux éléments du 3e RCA présent dans la ville.

A 8h00, le 2e Peloton ainsi que le 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien quittent la ville de Jussey afin d’exécuter leur mission prévue la veille au soir, à savoir de reconnaître les environs immédiats de Champlitte. A peine ont-ils parcouru quelque centaine de mètres, que l’Aspirant De Marancourt et le Sous-lieutenant Gentien entendent une forte explosion. Le pont enjambant la Saône vient d’être détruit par l’ennemi ! Sur la route menant à Champlitte, le 3e peloton fait prisonnier des soldats indiens portant l’uniforme de la Heer, il s’agit d’éléments de la Indische Infanterie – Regiment 950 refluant de Bordeaux.

A midi, le 1er Escadron reçoit l’ordre de reconnaître les différents passages permettant le franchissement de la Saône. Vers 15h00, alors que des éléments se trouvaient déjà sur l’autre rive, le Lieutenant Des Moutis apprend par radio que la mission initiale est annulée. Ceux-ci doivent rallier la commune de Combeaufontaine. Ainsi, le 1er Escadron retrouvera le 1er Peloton du Lieutenant Tréhu déjà sur place depuis la veille.

A propos des événements des derniers jours, le Sous-lieutenant Gentien racontera :

« Dans chaque localité où nous pénétrions, nous étions attendus et renseignés très exactement sur les mouvements de l’ennemi en retraite. Les dames des PTT, toutes restées à leurs postes, constituaient pour nous une véritable avant-garde, se signalant entre elles les localités évacuées et celles, par contre, qui présentaient du danger.

On n’a pas à ma connaissance rendu suffisamment hommage au courage des « demoiselles du téléphone ». Quelque part, du côté de Jussey, l’une d’entre elles vient m’avertir que « les Russes de Combeaufontaine » voulaient se rendre. Renseignements pris, toujours au téléphone, il ne s’agissait pas de tomber dans un piège, d’autant plus qu’ils étaient encadrés par des officiers SS.

Le Capitaine Sider, notre officier de renseignements, obtint facilement au bout du fil leur interprète, qui confirma leur volonté de cesser le combat et lui proposa de lui apporter, à la nuit, la preuve de leur bonne foi. Il se présenta effectivement à nos éléments avancés, accompagné de deux affreux portant une malle en osier contenant « la preuve ». Quel répugnant spectacle s’offrit alors à nos yeux : la malle était pleine de têtes coupées, celles de leurs officiers SS ! »

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