vendredi 25 juin 2010

20 septembre - En direction des Vosges

Le 20 septembre, le Lieutenant-colonel Fouchet, commandant du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique, prescrit ses directives aux éléments placés sous ses ordres. En effet, la veille, le Général Touzet du Vigier, commandant de la 1ère DB, a enjoint au Lieutenant-colonel Fouchet de prendre la tête d’un groupement composé du 3e RCA (moins le 3e Escadron), du 2e Escadron du 9e RCA aux ordres du Capitaine Laporte, et d’une section du Génie affectée au 88e Bataillon du Génie, et ainsi de pénétrer dans les Vosges. La mission a pour objectif de s’emparer des villes de Le Thillot et de Giromagny, mais aussi, de prendre liaison avec le VI Army Corps US, à hauteur de Faucogney.

Dès 6h00, le 5e Escadron aux ordres du capitaine André prend la direction de Le Thillot. Ainsi, cet escadron doit éclairer l’axe Lure – Le Thillot et tenter de s’emparer du carrefour de Mélisey.

Le 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice dépasse les troupes américaines à Saint-Germain puis reconnaît le secteur sud-ouest de Mélisey. La route est infestée de mines que les Allemands ont pris le soin de bien dissimuler. A quelques encablures de Melisey, le véhicule amphibie Dukw saute sur une mine. Le Cavalier Perraud est blessé au visage, ainsi que le Brigadier Delmont qui reçoit des éclats dans le torse. Les automitrailleuses « Solferino » et « Iéna » abordent les abords du village quand celles-ci sont prises à partie par des pièces anti-chars savamment camouflées. La riposte est immédiate de la part des AM-M8 du 3e RCA. L’obusier « Moulin de Laffaut » entre rapidement en action, et expédie une première salve d’obus de 75 sur l’ennemi. Une jeep du 88e Bataillon du génie double l’half-track de commandement du Peloton Hors Rang et explose littéralement sur un nid de mines. L’équipage est tué sur le coup. L’half-track est endommagé par les éclats et l’Adjudant-chef Berthier est blessé à la main et à l’œil. Après d’âpres combats, les AM-M8 aux ordres du Sous-lieutenant Maurice occupent la partie sud de la ville.

Le 3e Peloton de l’Aspirant De Bellefon déborde la localité de Mélisey par le village de La Rue et parvient à y pénétrer. Ces éléments sont accueillis par un feu nourrit de l’artillerie allemande. Un obus explose à proximité de l’AM-M8 « La Marne », le Brigadier-chef Larbantec est blessé à la cuisse et à la main gauche par des éclats. Malgré cela, le 3e peloton réussit à faire quelques prisonniers allemands complètement hagards.

Le 1er Peloton du Lieutenant Brémon effectue des patrouilles dans le secteur de Saint-Barthélemy. A hauteur du village, les véhicules du 1er Peloton sont rapidement pris pour cible par des canons 75 Pak 40 et des armes automatiques. Le Capitaine André enjoint au Lieutenant Brémon de quitter immédiatement les lieux et de rejoindre l’escadron à Mélisey. Dans le village, le 5e Escadron est soumis à de violents tirs d’artillerie venant des Bois du Mont de Vanne. Les obus allemands sèment la panique parmi la population. Un projectile de 105 explose sur la gauche de l’AM « Arcole » du 3e Peloton, celle-ci est très fortement endommagée et doit être évacuée par les hommes du Peloton d’Echelon du Lieutenant Sommariva. Une pluie d’obus ne cesse de tomber sur le centre bourg. Le Maréchal des Logis chef Picard s’écroule, touché au visage et au bras droit. Le barrage d’artillerie empêche toute progression du 5e Escadron en direction de Le Thillot.

En début d’après-midi, le 2e Peloton / 2e Escadron / 9e RCA, aux ordres de l’Aspirant De Courtivron, chargé d’appuyer la reconnaissance vers Le Thillot, parvient à Melisey. Une pluie incessante tombe sur les contreforts vosgiens. Le climat rend les chemins impraticables et les chars sont obligés d’emprunter les principaux axes que les Allemands ont piégés.

Dans un même temps, un groupement aux ordres du Commandant Jacques Gentien, commandant en second du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique, et composé du 1er Escadron (Lieutenant Des Moutis) et du 4e Escadron (Capitaine Dumont), doit reconnaître l’axe Lure – Recologne et Ronchamp et essayer de s’emparer de ses villages.

Dès 6h00, ce groupement se met en route. Le 3e Peloton / 1er Escadron du Sous-lieutenant Henri Gentien se dirige à vive allure vers la commune de La Cote. Mais celui-ci est stoppé par un barrage anti-chars installé à l’entrée du village. Devant une telle puissance de feu, le 3e peloton est obligé de se replier à l’ouest du La Cote.

Quant au 2e Peloton / 1er Escadron de l’Aspirant De Marancourt, ce peloton se porte en direction de Froideterre. La progression est lente, la route est minée et des Cavaliers du 2e Peloton sont obligés de parcourir la distance à pied, en tête de la colonne afin d’y détecter les mines. Malgré ce dispositif, l’automitrailleuse « Lannes » est détruite par des engins explosifs. Le Brigadier Collomb est blessé. La marche en avant continue. Soudainement, une nouvelle détonation. Une jeep vient, à son tour, d’exploser. Les Cavaliers Holf et Maisonnave gisent au sol grièvement blessés.

Le 1er Peloton / 1er Escadron du Lieutenant Tréhu patrouille plus au sud du dispositif. Il prend la direction de Roye – Frotey – Palante et Magny d’Aginon. Après avoir traversé les communes de Roye et Frotey sans rencontrer trop de résistance, le 1er Peloton libère Frotey et se dirige vers Magny d’Anigon. Mais l’ennemi est solidement ancré dans cette localité et surtout à Lyoffans. A hauteur de Magny d’Anigon, le Lieutenant Tréhu subit un vif accrochage. Le 1er Peloton est contraint de décrocher et de se replier sur Frotey en abandonnant l’half-track du peloton. Avant cela, les AM-M8 « Desaix » et « D’Assas » en couverture d’une jeep réussissent à rapatrier les Cavaliers Vidal et Feinkbenner, tous deux blessés à bord de l’half-track.

En milieu d’après-midi, le 1er Escadron libère Palante mais ne peut s’y maintenir. En effet, l’artillerie allemande pilonne les positions françaises et les éléments du 1er Escadron sont obligés de décrocher et de rallier Roye.

Tandis que le 4e Escadron aux ordres du Capitaine Dumont, accompagné du 1er Peloton / 2e Escadron / 9e RCA du Lieutenant Jordan, tentent de déborder la résistance ennemie par l’ouest. La progression sur Le Thillot s’avère difficile. Le temps est pluvieux, les chemins sont détrempés et les routes complètement minées. Tous ces éléments ralentissent considérablement l’avance de ce détachement.

Char léger M5 A1 sur les routes Francs Comtoises

Ce même jour, le 2e Escadron aux ordres du Capitaine Argoud reçoit sa première mission. Il s’agit de pousser des reconnaissances vers Saint-Germain – Malbouhans et Ronchamp. Après de violents affrontements, le 2e Escadron libère la commune de Malbouhans et poursuit son avance, mais ne peut pas dépasser cette localité, la route est semée d’obstacles et de nombreux abattis sont protégés par des armes automatiques.

De plus, l’ennemi lance une furieuse contre-attaque. L’artillerie allemande entre en action. Des obus de 105 pleuvent sur le village de Malbouhans. Bientôt, l’infanterie ennemie attaque. Les Cavaliers du 2e Escadron résistent héroïquement à l’assaut. Ceux-ci sont solidement positionnés dans le bourg. Malgré tout, les Chasseurs d’Afrique subissent des pertes. Un obus de 105 tombe dans le centre du village tuant sur le coup les Cavaliers Seguy et Perais. Le Lieutenant Robert Blasselle, chef du 1er Peloton est blessé à la tourelle de son automitrailleuse. Les explosions se succèdent à une cadence infernale. Mais les soldats français ne cèdent pas un mètre de terrain. Repoussant même, les attaques incessantes des Grenadiers allemands. Nouvelle déflagration, l’Adjudant Feray et le Cavalier Oguerro s’écroulent, blessés par des éclats chauffés à blancs. Le Maréchal des Logis Verrière et les Cavaliers Karouby et Saoudi sont à leur tour touchés. Le temps semble s’être arrêté, les minutes défilent lentement.

Le 2e Peloton du Lieutenant Le Duc résiste avec panache. Cependant, le Maréchal des Logis Olmos est touché par un tir de sniper embusqué dans un bosquet.

Les obusiers « Montbrun » et « Nanzouty » tirent des salves d’obus de 75 et sèment la mort dans les rangs ennemis. Après plusieurs heures d’intenses combats, les Allemands battent en retraite mais l’artillerie ennemie reste très active.

Dans la soirée, les Zouaves du 3e bataillon de Zouaves viendront renforcer le dispositif du 2e Escadron et du 1er Escadron. Tandis que le 1er bataillon de Zouaves rejoint le 5e Escadron.

Quant au 3e Escadron aux ordres du Capitaine Brisson, celui-ci demeure à Charnay-Lès-Mâcon, où il vient enfin de percevoir les 4 000 litres de carburant nécessaire à sa progression. Ordre est donné aux Cavaliers du 3e Escadron de préparer leurs véhicules pour un départ proche. Le Maréchal des Logis Gilbert Wininger, chef de bord de l’AM « Nevers », affectée au 2e Peloton, enjoint à son équipage de charger les vivres, les munitions et de fixer leurs paquetages sur l’automitrailleuse.

2 commentaires:

  1. Merci et Bravo pour ce compte-rendu.

    Philippe - Un régional de St Barthélémy-Mélisey

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  2. Bonsoir,

    Merci pour votre appréciation !

    Deux "articles", traitant de ces villes, seront prochainement publiés.

    Cordialement
    David

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