Ce dimanche 8 octobre, les conditions climatiques sont des plus difficiles. Le temps est abominable. La brume, le froid, ainsi que la pluie et la neige alternent ou se conjuguent. Les chemins forestiers demeurent impraticables aux automitrailleuses et extrêmement durs aux jeeps et la visibilité dans les sous-bois est réduite à néant.
Après avoir stoppé, sur tout le front, la contre-attaque ennemie du 6 octobre, menée par la 338e Infanterie – Division du Général L’Homme de Courbière, les positions françaises n’ont guère évolué et la situation demeure confuse.
A 9h30, le Lieutenant-colonel Guibert reçoit la directive de prendre liaison avec le Combat Command 1 et d’appuyer la progression des éléments aux ordres du Général Sudre, en effectuant une pression vers le nord. Le Lieutenant-colonel Guibert décide, dans un premier temps, de concentrer ses efforts à l’ouest de l’axe Servance – Château-Lambert sur la ligne de crêtes 710 – 684, en vue de rechercher la liaison avec les forces du CC1, dans le secteur du Frenet puis de tenter de dégager l’axe : Servance – Château-Lambert, en tenant sous ses feux la route Servance – Le Haut du Them et le village du Haut du Them.
La mission d’effort sur la ligne de crêtes 710 – 684 est, une nouvelle fois, confiée au 1er Bataillon de Zouaves du Chef de Bataillon Barbier.
A midi, le Lieutenant-colonel commandant le « Groupement Guibert » ordonne aux éléments placés sous ses ordres de faire mouvement.
Aussitôt, le 3e Escadron du Capitaine Brisson se regroupe au carrefour des Evaudois et prend liaison avec le Commandant Barbier. En effet, le 3e Escadron doit assurer la protection du flanc gauche du 1er Bataillon de Zouaves durant l’assaut de la côte 684, en repoussant une éventuelle contre-attaque de l’infanterie allemande dans la vallée. A 13h00, le dispositif de flanc-garde fixe est installé à proximité du village des Eboursières. Pendant ce temps, le 3e Peloton du Lieutenant Crinon effectue une reconnaissance sur l’itinéraire Evaudois - Fouillies Lombard – Le Frenet afin de se mettre en contact avec le CC1 et parvient à se rapprocher avec le 5e Escadron / 3e RCA du Capitaine André à proximité du Boulot (Doubs).
Dans un même temps, le 2e Escadron du Capitaine Argoud doit intervenir dans la région de La Pille. Cet escadron a pour mission de maintenir l’ennemi dans ce secteur. Cette opération devrait permettre au 1er Bataillon de Zouaves de s’emparer des côtes 684 – 710, et ainsi de déboucher sur la ville du Haut du Them. Afin de mener à bien sa mission, le 2e Escadron sera épaulé par les chars Sherman du 4e Escadron / 2e RCA et également par les Tank Destroyer M10 du Peloton Follin (4e Escadron / 9e RCA). Les FFI de la Compagnie La Lance, du Bataillon Simonet du Corps Franc Pommiès serviront de soutien d’infanterie.
La progression du 1er Bataillon de Zouaves est lente et fastidieuse. Bientôt les Zouaves sont arrêtés sur les pentes de la côte 684, mais aussi à hauteur de la localité du Ménil d’Amont. Les Grenadiers de la 338e Infanterie – Division allemande accueillent les Zouaves par des tirs nourris d’armes automatiques et de mortiers de 81. Sur la côte 684, les Zouaves sont littéralement cloués au sol. L’artillerie ennemie est entrée en action. Un déluge de feu et de fer s’abat sur les hommes du Commandant Barbier. Les Allemands sont solidement ancrés sur les sommets des crêtes vosgiennes. Les minutes sont longues, le temps semble s’être arrêté. Cependant, certains Zouaves parviennent à progresser de quelques mètres. Malgré tout, devant un tel désastre et voulant éviter de trop nombreuses pertes, l’ordre de repli est ordonné aux différents chefs de sections. Aux abords du village du Ménil d’Amont, la situation est similaire. Les Zouaves ne peuvent pas avancer d’un pas. Vers 17h00, le 1er Bataillon de Zouaves est de retour aux Evaudois. Celui-ci va pouvoir panser ses blessures et veiller ses morts.
Ce même jour, ordre a été donné au 4e Escadron du Capitaine Dumont de trouver un itinéraire fiable, permettant l’emploi de ses chars légers M5 A1 sur les côtes 684, 763 et le village de La Rochère.
Enfin, le 5e Escadron aux ordres du Capitaine André stationne aux environs de Beulotte – Saint-laurent. Cet escadron est toujours en pointe du Combat Command 1. A 5h00, le Capitaine André enjoint au 1er Peloton du Lieutenant Brémon d’effectuer une reconnaissance sur l’axe : Beulotte – Ramonchamp – Château-Lambert. Dès 6h30, le 1er Peloton fait mouvement. L’AM-M8 « Wagram » prend la tête du convoi, suivie par la jeep « Almanza » équipée d’un mortier de 60. La progression est ralentie par une pluie battante et une brume épaisse. A proximité de Ramonchamp (Vosges), le 1er Peloton se regroupe. Le Lieutenant Brémon expédie une patrouille à pied vers cette localité. A son retour, la patrouille stipule que le village de Ramonchamp semble occupé par l’ennemi. A la faveur de cette épaisse brume, le Lieutenant Brémon décide de mener l’assaut. Celui-ci positionne l’obusier Howitzer 75 « Austerlitz » et deux mortiers de 60 afin d’assurer une couverture aux automitrailleuses. Les quatre AM-M8, les deux ACAM, la jeep « Somo Sierra » et l’Half-track s’élancent vers la localité. La surprise est totale, les automitrailleuses ouvrent le feu sur l’infanterie allemande, celle-ci est rapidement désemparée et désorganisée. Certains essaient une vaine riposte, mais les Chasseurs d’Afrique semblent insaisissables. L’ennemi décroche en désordre vers les bois avoisinants. Le village de Ramonchamp est ainsi libéré. Le 1er Peloton se regroupe dans le centre bourg. Le Lieutenant Brémon installe son dispositif défensif. Mais les Allemands ne s’avouent pas pour autant vaincus. En début de matinée, la brume se dissipant, l’artillerie ennemie ouvre le feu sur les positions françaises, l’infanterie allemande s’est ressaisie et tente une contre-attaque. Très vite, les automitrailleuses ripostent, fauchant les Grenadiers sortant des sous-bois. Les obus pleuvent sur le centre du village, les premières maisons s’enflamment. Une forte déflagration, le Brigadier Jean Lauriol, radio de l’AM « Fontenoy », véhicule du Lieutenant Brémon, est toujours par des éclats. Immédiatement, le Lieutenant Brémon donne les premiers soins au membre de son équipage. Le Brigadier Lauriol est changé à bord de l’half-track. Le village est sur le point d’être encerclé et les Cavaliers du 1er Peloton submergés. Le Lieutenant Brémon n’a pas d’autre solution que de faire évacuer Ramonchamp.
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Bonjour, Le brigadier touché par des éclats ce jour là ne s'appelle pas Jean mais Yves Lauriol. Je suis en train de taper ses carnets de guerre. Il a 91 ans et a eu la Légion d'Honneur en 2011.
RépondreSupprimerAnnie Daous