lundi 19 avril 2010

Le franchissement du Rhône

Le 29 août, dès 4 heures du matin, le 1er Escadron se met en route en deux colonnes réparties de la façon suivante : les éléments chenillés de l’Escadron, à savoir, les 3 Half-tracks et les 3 obusiers Howitzer 75mm, aux ordres de l’Aspirant Blasselle, se dirigent vers Arles, où les véhicules de plus de 9 tonnes doivent franchir le Rhône par « portières » de péniches. Ensuite ce groupement doit se rendre à Remoulins, dans le Gard, pour y rejoindre un détachement du 5e RCA.

Le deuxième convoi, aux ordres du Lieutenant Des Moutis, traverse quant à lui, la Durance à gué, vers 5h du matin et prend la direction de la Cité des Papes. A proximité d’Avignon, au sud de la ville, ces éléments se camouflent dans un champ dans l’attente de passer le Rhône. Le 30 août, vers 22h, le convoi fait mouvement vers l’est d’Avignon. A minuit, les premiers éléments du 1er Escadron débutent le franchissement du Rhône sur un pont de bateaux.

A ce sujet, le Sous-lieutenant Gentien racontera : « Le pont préfabriqué, prévu pour la traversée du Rhône, était encore sur le quai à Oran, quand nous arrivâmes en Avignon. Il fallut passer le fleuve avec des moyens de fortune. Le Génie réussit à construire un pont en amarrant bord à bord des remorqueurs, des péniches et des bateaux d’excursions ! Là-dessus un tablier fait de traverse de chemin de fer. On n’était pas très fier ! Au passage de chaque véhicule, l’ensemble s’enfonçait dans l’eau d’au moins un mètre cinquante. Tout cela de nuit et tout feu éteint par crainte des avions allemands. »

Une fois l’Escadron regroupé, celui-ci fait immédiatement mouvement en direction de Remoulins afin d’y retrouver les éléments aux ordres de l’Aspirant Blasselle, arrivés la veille. A mi-chemin, au carrefour des Montaux, un officier de liaison venant du Quartier Général du Combat Command 2 donne l’ordre au 1er Escadron de pousser des patrouilles sur l’axe Remoulins – Uzès – Alès et Villefort. L’intégralité du 1er Escadron atteint la commune de Villefort (Gard) vers 10h.

A midi, de nouveaux ordres arrivent au PC léger du Lieutenant Des Moutis. Le 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien est mis à la disposition du Commandant De Beaufort, chef de corps du 5e RCA et quitte temporairement l’Escadron pour l’après-midi. En effet, celui-ci doit escorter le PC du 5e RCA jusqu’au village de Pradelles (Lozère).

Vers 15h, les autres éléments disponibles du 1er Escadron (PHR, Peloton Echelon, Peloton Tréhu et Peloton De Marancourt) font mouvement. Ils ont pour mission d’éclairer l’avance du CC2 sur l’axe Villefort – Bastide – Langogne – Le Puy en Velay et y prendre les premiers contacts avec les éléments retardateurs de la 11. Panzer – Division qui couvre le repli de la XIX Armée Allemande.

L’Escadron patrouille dans la forêt du Mas De l’Ayre, au beau milieu du massif des Cévennes, le décor est fantastique. En chemin, le pont de Prévenchères (Lozère) est détruit, le Peloton Tréhu (1er Peloton) traverse à gué, avec beaucoup de difficulté, la rivière Chassezac et stationne sur l’autre rive en couverture à environ une centaine de mètres. Le 2e Peloton de l’Aspirant De Marancourt reste à ce gué pour l’aménager afin que le restant du 1er Escadron puisse franchir la rivière plus facilement.

En fin de journée, l’Escadron retrouve le 3e Peloton du Sous-lieutenant Gentien à Pradelles (Lozère), situé à quelques kilomètres au nord de Langogne, et poursuit sa reconnaissance vers Le Puy en Velay (Haute-Loire) dans les contreforts sud-est du Massif Central. Que de kilomètres parcourus en quarante-huit heures ! En trois jours, le 1er Escadron a traversé le Vaucluse, le Gard, la Lozère et se trouve maintenant en Haute-Loire.

Marseille maintenant libérée, les automitrailleuses AM-M8 du 5e Escadron foulent joyeusement les routes de Provence.

Le 30 août, le 5e Escadron débute la traversée du Rhône à Arles. Le fleuve franchit, le Capitaine André reçoit ses ordres du commandement du CC1. Celui-ci doit reconnaître l’axe gardois Bellegarde – Beaucaire – Remoulins et Bagnols sur Cèze. L’étendue de la déroute infligée aux armées ennemies en fuite, se lit à chaque pas de cette première étape sur la rive droite du Rhône ; les routes sont encombrées de véhicules allemands détruits par l’aviation alliée. Le soir venu, l’Escadron se porte sur Pont-St-Esprit pour y passer la nuit.

Le 31 août, de nouveaux ordres arrivent au PC du 5e Escadron. Il doit patrouiller dans la région de Bourg St Andéol (Ardèche), porte d’entrée des Gorges, en passant par le plateau du Gras et la forêt de Laoul, puis Viviers et Le Teil.

Quant au 2e Peloton du Sous-lieutenant Maurice, celui-ci doit reconnaître le secteur de Brune – Baix. En chemin, le 2e Peloton se heurte à une colonne hippomobile ennemie d’environ 2000 soldats. Les Allemands sont surpris, mais après un bref moment de flottement, un terrible accrochage débute. Les AM-M8, soutenues par l’obusier Howitzer 75mm et les mortiers de 60mm du Peloton ouvrent le feu. Très vite, c’est la panique chez l’ennemi qui s’enfuit de tous les côtés. Malgré tout, les cavaliers du 2e Peloton réussissent à faire 800 prisonniers et à mettre en déroute le restant de la colonne allemande. Des dizaines de cadavres de chevaux sont juchés sur le sol ensanglanté.

Après ce combat, le 5e Escadron se reforme et pousse de nouvelles patrouilles en direction de Le Pouzin et de La Voulte, où le Capitaine André reçoit l’ordre d’y passer la nuit. Il ordonne à ses différents pelotons de se mettre en position défensive sur les principaux axes menant à ce village.

Durant la nuit, les fuyards de la colonne allemande remontent la route venant du sud de La Voulte. Leur avant-garde tombe une nouvelle fois sur des éléments du 2e Peloton, celle-ci est détruite et faîte prisonnière. Le Peloton Maurice fait 200 nouveaux prisonniers. La journée aura été fructueuse pour ces cavaliers émérites.

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