Ce samedi 23 septembre, les conditions climatiques sont épouvantables, une pluie battante ne cesse de tomber et une brume épaisse a fait son apparition dans les contreforts vosgiens. L’automne semble déjà s’être installé.
A l’aube, le Lieutenant-colonel Fouchet, chef de corps du 3e RCA, enjoint ses ordres aux différents escadrons.
Le 1er Escadron, aux ordres du Lieutenant Des Moutis, reçoit pour mission d’envoyer une patrouille en direction du village de Palante, tenu par l’ennemi deux jours auparavant. La route étant minée, le terrain impraticable pour les automitrailleuses et Palante n’étant distant que de 1500 mètres de Frotey, le Lieutenant commandant le 1er Escadron décide de lancer une reconnaissance à pied. Ainsi, celui-ci ordonne à l’Aspirant René Blasselle, de prendre la tête d’une section de combat, prélevée parmi les trois pelotons. Une section de FFI du Bataillon Charollais aux ordres de l’Aspirant Louis Faucher rejoint la « section Blasselle ».
A 7h00, la patrouille se met en marche. A la faveur de la brume, les soldats avancent rapidement. Chaque bosquet, chaque taillis sont utilisés pour camoufler leur progression. A hauteur des premières maisons du village, l’Aspirant René Blasselle fait une halte, à l’abri d’un muret et donne ses instructions. La section avancera en file indienne, en deux colonnes, chacune se déplaçant d’un côté de la rue principale. Bientôt les colonnes se forment et entament leur marche en direction du centre bourg. Silencieusement, les deux colonnes s’enfoncent. Tout paraît calme. Soudain, un coup de feu résonne, le FFI Paul Martin est touché mortellement. S’en suit une vive fusillade, l’ennemi apparaît aux fenêtres, tire des lucarnes des caves. Une section allemande se regroupe autour de la mairie et met en batterie une mitrailleuse lourde MG 42. L’arme automatique prend rapidement pour cible la colonne menée par l’Aspirant Blasselle. Le Maréchal des Logis Maurice Normand est atteint, tué sur le coup. Le Cavalier De Saint-Pol se porte aussitôt à sa hauteur et tente de le dégager de ce déluge. Tant bien que mal, il parvient à hisser le corps du Maréchal des Logis Normand sur ses épaules. Le Maréchal des Logis Darnaudery ordonne au Cavalier De Saint-Pol de se mettre à l’abri et aide ce dernier à soutenir le corps inerte. Durant le décrochage, le Maréchal des Logis Darnaudery est blessé à son tour.
La « section Blasselle » peine à se dégager. L’Aspirant Blasselle ne parvient pas à envoyer la fusée signifiant la demande d’appui aux unités en place à Frotey. Les balles fusent, viennent ricocher contre les murs et se loger dans les volets en bois des maisons. L’Aspirant FFI Louis Faucher gît sur le sol, mortellement atteint par une balle dans le cœur. Finalement, les soldats aux ordres de l’Aspirant Blasselle parviennent à battre en retraite et à rallier Frotey. Laissant derrière eux le corps inanimé du FFI Martin.
A Frotey, les blessés sont immédiatement évacués à l’antenne médicale. L’Aspirant Blasselle se rend au PC du Lieutenant Des Moutis et rapporte les renseignements demandés.
Ce même jour, le Peloton Spécial, aux ordres du Lieutenant Lamaze rentre de mission et se porte à Saint-Germain au PC du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique. Le Lieutenant – colonel Fouchet enjoint au Lieutenant commandant le Peloton Spécial de rallier le village d’Ecromagny et de se mettre à la disposition du Capitaine Dumont, commandant du 4e Escadron et provisoirement, chef du « groupement tactique Dumont ».
Quant au 3e Escadron du Capitaine Brisson, cet escadron poursuit inlassablement sa remontée vers l’est, afin de faire la jonction avec les éléments du 3e Régiment de Chasseurs d’Afrique, placés sous les ordres du Lieutenant-colonel Fouchet.
A 15h00, la colonne se met en branle afin de rallier Vesoul puis Lievans (Haute-Saône). Mais l’avancée est plus lente que prévue, les routes sont encombrées de convois se dirigeant vers le front et les boîtes de vitesse des obusiers Howitzer souffrent considérablement et de dérèglent à nouveau. Après deux heures de trajet, le 3e Escadron parvient à destination et installe sommairement son cantonnement à Lievans, sous une pluie ininterrompue.
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